Transition énergétique ? (2)

Certains sites internet, relayés par des tweets indiquent que la transition est en cours. Par exemple :

« 10 signaux qui prouvent que la #transition énergétique est en marche » … « le 8 mai 2016, l’Allemagne a satisfait 86 % de ses besoins en électricité grâce aux énergies renouvelables. On parle tout de même de la 3ème puissance économique mondiale… Que ceux qui ne veulent pas croire au sérieux des renouvelables lèvent la main ! » (Consoglobe du 5 sept, …).

Je ne lève pas la main et confirme que ce n’est pas significatif…. il faisait 24° à Berlin, c’était un dimanche, et l’Allemagne est un des plus gros producteur de CO2 d’Europe.

Qu’il y ait une progression des EnR(énergies renouvelables)(*) … il n’y a pas de doute. Elles sont fortement subventionnées… Les EnR sont nécessaires… et seraient viables si elles étaient associées à du stockage. CE N’EST PAS LE CAS. Et si nous ne nous posons pas cette question, nous raterons notre TRANSITION ÉNERGÉTIQUE!!!

On confond trop souvent l’ensemble de ces nouvelles installations (éolien, photovoltaïque,…) comme étant une preuve de la transition. Quelle connerie!!! TRANSITION = PASSAGE de MIXs « anciens » à des MIXs plus « DOUX »

Les MIXs anciens ont leurs qualités et leurs défauts. Les nouveaux systèmes renouvelables ont leurs qualités et leurs défauts. Leur défaut majeur est leur intermittence.

Leur défaut à tous (anciens ou nouveaux systèmes) : ils sont tous plus ou moins SALES. Mais comment mesurer la saleté… durée de vie des déchets qu’ils viennent du nucléaire ou du photovoltaïque ou des batteries, nombre de morts au fil des décennies d’existence d’une technologie, morts directes ou induites, pollution visuelle, …

Il n’y a pas de bons MIXs énergétiques…ils seront +/- acceptables selon le lieu d’habitation sur terre et selon la saison.

Ceux et seulement ceux qui réfléchiront à une fourniture d’énergie sur l’année gagneront la transition énergétique. Cela ne peut être réussi que si dès maintenant nous pensons à la problématique du stockage. La France a pris quelques décennies de retard, non pas dans les EnR, mais dans un développement intelligent de son réseau hydroélectrique. On aurait du prendre exemple sur la Suisse qui achète du nucléaire français la nuit pour remplir ses barrages puis les vides dans la journée -Pompage/Turbinage-. Ou bien par une meilleure utilisation de nos fleuves bien répartis sur toute la France. (Lire CO2 mon désamour). Seulement après on pourra penser EnR.

Cette transition que je souhaite intelligente, de bon sens, raisonnée et durable ne pourra se faire, entre autre, que si :

– on retourne à une centralisation de la gestion de la production et de la distribution > retour à un fournisseur public et donc refuser tout libéralisme forcé et fausse concurrence entre acteurs qui s’entendent sur les prix,

– on revoit la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité), en particulier la notion d’effacement (du consommateur ou du producteur) usine à gaz due à la mise en concurrence du secteur, permettant à un ensemble d’intermédiaires de vendre des services d’effacement > génération de coûts supplémentaires qui en final seront facturés aux petits consommateurs que nous sommes.

– on revoit le TURPE (Tarif d’Utilisation du Réseau Public d’Electricité) (redevance facturée aux fournisseurs puis aux consommateurs à l’euro près pour l’utilisation du réseau d’Enedis /ex-ERDF) (voir: http://www.enoptea.fr/turpe-hausse-tarif-acheminement-electricite/) > système lui aussi mis en place suite à la libéralisation des marchés.

NOME, TURPE, … sont le résultat de la libéralisation de l’économie, avec trop d’acteurs pour un seul câble électrique qui arrive chez le consommateur, et qui auront comme impacts l’augmentation du prix de l’électricité pour le client final, c’est à dire chacun d’entre nous.

Pierre Leroy – 7 septembre 2016  – mise à jour du 19/09/2016

(*) selon appellation couramment admise… voir article  Transition énergétique 3

Transition énergétique ? (1)

Une transition oui, mais comment ? Et avec quel ou quels MIXss énergétiques ?

N’a-t-on pas mis la charrue avant les bœufs en encourageant l’idée du photovoltaïque et de l’éolien dans l’esprit de chacun (à grand coup -et coût- de publications, aides, subventions diverses, démarchages, etc.) avec des résultats incertains sur la rentabilité à moyen terme des installations existantes.

Rentabilité d’autant plus incertaine que le stockage de l’énergie a été certainement insuffisamment pensé pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables comme le vent, le soleil, la marée… Il faudra donc s’adapter en permanence.

A chaque minute, heure, semaine, année… et année après année, et aussi selon notre situation géographique, le MIX à un instant T sera différent à l’instant T+1. Le MIX énergétique devra être adapté en fonction de l’offre de production (qu’elle soit renouvelable, carbonée, nucléaire, …) à la demande de consommation. Et adapté aux possibilités de transport de l’énergie.

On comprend mieux ainsi pourquoi j’utilise la notion de MIX au pluriel.

Le Rapport de l’ADEME (voir article précédent) amène de nombreux éléments de réponse et présente différents MIX potentiels adaptés à différentes régions.

La transition sera le résultat de ce que chaque acteur politique, et chaque acteur économique -du producteur au consommateur- est prêt à accepter. Comment passer d’une fourniture essentiellement carbonée (le cas pour la majorité des pays) ou nucléaire (quelques pays dont la France) à une fourniture réduisant nos émissions de GES (Gaz à Effet de Serre).

Pour arriver à un MIX raisonné et raisonnable il faudra s’appuyer sur les énergies existantes afin d’assurer une base régulière en énergie (le nucléaire pour la France). C’est toute la complexité de cette montée en régime vers des énergies alternatives qui pour la plupart sont … intermittentes.

Malheureusement, nous aurions dû mieux anticiper pour préparer cette transition en imaginant comment stocker notre énergie, et en particulier nos surproductions trop souvent vendus à l’étranger à prix très faible (exemple vers la Suisse qui recharge ses barrages la nuit -pompage /turbinage-, ou l’Allemagne)

Dans mon manifeste « CO2 mon désamour » (achat possible en ligne) je rappelle le potentiel de la France dans ses nombreuses capacités en stockage hydraulique.

Pierre Leroy, 3 septembre 2016.

Barrage à « double détente »

Grands Barrages en mer

Cette idée revient de plus en plus souvent. Par exemple pour le Royaume Uni, un projet d’usine marémotrice par la fermeture de la baie de Cardiff prend forme, et des études d’impact environnemental sont en cours.

De la même façon on pourrait imaginer quelques grands projets pour la France. De nombreuses baies pourraient assez bien se prêter à l’exercice : Saint Brieuc, Morlaix, Lorient, Quiberon, Saint Nazaire, La Rochelle–Rochefort, Arcachon. Ou dans des zones moins faciles géographiquement avec moins d’impact sur la faune des rivières. (CO2 mon désamour).

Barrage à double détente, comme 2 écluses à poissons l’une dans l’autre.

« Techniquement, on pourrait aussi imaginer un concept à « double détente » avec un deuxième barrage à l’intérieur du premier grand. Représentant 1/3 du volume du grand, il permettrait de mieux lisser la production sur les 24 heures de la journée par remplissage durant l’étale de haute mer puis vidange pendant l’étale de basse mer ». (CO2 mon désamour)

Cette solution a l’avantage d’être durable, peu polluante, et renouvelable infiniment.

Pierre Leroy – 7 septembre 2016